02/06/2013

Le livre de Dominique Liot, un des Robins des bois de l'énergie, est en librairie



Ce livre illustre le combat de ceux qui ont choisi pour nom "les Robins des bois de l’énergie" : ils rétablissent le courant ou le gaz aux familles en grande difficulté à qui EDF ou GDF l'a coupé, en raison de factures impayées. C'est la défense du service public et un sens aigu de la solidarité qui guident ces actions clandestines.

Préface de Dominique Girardot,

Auteur de La société du mérite, idéologie méritocratique et violence néolibérale
 Éditions Le fil de l’eau, 2011.

La vie de Dominique Liot est d’une singulière cohérence. Étudiant de l’INSA, à quelques mois de son diplôme, il se détourne de son avenir d’ingénieur pour « aller vivre la vie de ceux qui ont le plus d’intérêts à ce que le monde change vraiment » : pas question d’être du côté des chefs. Monteur à EDF, il sera un Robin des bois de l’énergie sanctionné pour avoir publiquement revendiqué la remise en service de l’électricité à un couple de RMistes et leur petite fille : pas question d’être au service de ceux qui oppriment la misère – l’accès à l’énergie est un service public. Du jeune homme à l’homme approchant de la retraite, un seul trait : l’exigence de vivre – et donc travailler – humainement. Pas de plan de carrière, mais une vie qui ne renonce jamais au sens de ce qui est fait.

Cette vie ne manque donc pas de panache. Pourtant Dominique Liot ne verse jamais dans le contentement de soi. C’est que jamais il n’oublie ce que l’action, aussi exemplaire soit-elle, doit aux autres. Loin des emportements narcissiques de l’individu contemporain, il sait que s’il porte un monde, ce n’est pas sur la pointe aiguisée de sa conscience, mais avec d’autres, toujours. Pas de moralisme : il ne nous fait pas la leçon ; son orientation est, de façon essentielle, politique. Agir, c’est agir parmi les autres et avec eux. C’est pourquoi « militer n’est pas une croix à porter » ; c’est trouver le chemin de l’action ensemble, et rencontrer le « réel plaisir à se retrouver avec d’autres pour essayer de faire avancer les choses (…), œuvrer ensemble pour le bien de tous ».

Son action de Robin des bois de l’énergie, Dominique Liot l’inscrit dans la transmission : il s’agit de faire vivre les valeurs reçues du programme du Conseil national de la Résistance, d’affirmer le sens du service public tel qu’il est pensé et mis en place au lendemain du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale – contre toutes les dérives d’une société qui exclut –, construire un monde humain, faire une place digne à chacun. Par leurs actes de désobéissance civile, les Robins des bois de l’énergie incarnent de façon exemplaire le sens de la lutte syndicale, porteuse d’exigences de transformation sociale. Ils mettent en actes le refus qu’une ressource fondamentale serve au profit de quelques-uns ; ils portent par leur action, face aux défaillances d’un État qui ne comprend plus quel espoir l’a fondé, le droit à l’électricité pour tous.

            À la Libération, les hommes réunis autour de Marcel Paul imposèrent, contre le projet - plus conciliant aux intérêts industriels - de Louvel et Ramadier, la nationalisation de l’électricité et du gaz, liant par le fait, avec force, démocratie et service public. Dominique Liot fait partie des militants qui reprennent le flambeau de cette grande avancée sociale, aujourd’hui gravement mise à mal.

         C’est pour moi un bonheur, et un honneur, de préfacer le récit que l’on va lire – et ce d’autant plus que mon grand-père, Pierre Girardot, fut le rapporteur du groupe communiste devant l’Assemblée nationale constituante qui s’ouvrit le 22 mars 1946 pour discuter cette question de la nationalisation. La vie nous tisse parfois de ces belles surprises…

 

 




 
 
 


 


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