Pour mémoire.
Au début des années 1920, des Japonais venus tenter leur chance aux Etats-Unis, eldorado alors en manque de main d’œuvre, font venir des femmes de leur pays natal, des Japonaises avec lesquelles ils se marient par procuration, au prix de quelques arrangements financiers avec les familles pauvres des candidates à l’exil. Au moyen du pronom personnel « nous », voix féminine collective, ces Japonaises émigrées racontent leur histoire, qui s’élève sur un mode incantatoire propre à la lamentation funèbre du thrène antique, entre récit de vie et gémissements. Ce mode de narration original évolue subtilement au fil des pages, la clameur plaintive laissant la place à un récit plus apaisé qui s’individualise et permet de distinguer des voix émergeantes de plus en plus nombreuses. Il n’y a pas une seule héroïne, toutes les femmes sont des héroïnes inconnues, toutes ont leur pierre à apporter à l’édifice du souvenir. C’est cette litanie qui compose le roman, fixée pour l’éternité dans une écriture magnifiée par son propre écho.
Aline Sirba
Vous trouverez l'intégralité de cette chronique dans la page "la plume au vent" de ce blog.
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